Mammouth : on a retrouvé celui qui a découvert le mastondonte !
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Cela s’est joué à peu de chose. Jeudi 5 avril, nous vous révélions la découverte exceptionnelle d’un ancêtre du mammouth encore jamais trouvé en France et vieux de 13 millions d’années. Si, aujourd’hui, le crâne et les défenses de ce spécimen très rare sont en cours d’authentification au Muséum de Toulouse et que son espèce n’a pas encore été dévoilée, il a bien failli en être autrement.
En effet, ce mastodonte a été découvert par le plus grand des hasards par Michel (le prénom a été changé), un habitant de la région de L’Isle-en-Dodon, en juillet 2014. Effectuant chez lui des travaux de terrassement, il tombe, à 3,5 mètres de profondeur, sur un «gros cailloux un peu différent» qu’il jette négligemment sur le côté. Intrigué par une tache sombre, il gratte la pierre et tombe… sur une dent (l’une des quatre encore en place sur le crâne), une molaire gigantesque large de 10 cm. Il constate sur le talus des traces blanches. «En fait, il s’agissait de débris d’os, se souvient-il, la pelle mécanique l’avait un peu accrochée. En grattant un peu, nous avons trouvé les défenses. À un mètre près le crâne partait avec la pelle ou restait enfoui pour toujours.»
Il comprend qu’il vient de faire une découverte : «Au début, je n’étais pas très content, j’avais peur qu’on arrête mon chantier ou que des personnes malveillantes viennent creuser n’importe où chez moi. Ici, des agriculteurs ont des défenses de mammouth sur leurs cheminées mais ne disent rien car ils n’ont pas confiance.» N’en parlant qu’à des gens proches, il met les débris dans un seau et recouvre sa découverte. Ce n’est qu’il y a un an et demi qu’un ami de Michel le convainc de montrer le crâne à un ami paléontologue amateur : Vivien Riout. «J’étais fou de joie, un crâne en connexion, c’est fantastique !», dit ce dernier les yeux pétillants. Vivien comprend l’importance de la découverte sans toutefois s’imaginer sa portée. «J’ai envoyé des photos des dents par mail, à l’automne 2016, au directeur du Muséum de Toulouse. Ils m’ont immédiatement répondu, voulant voir ça de plus près. À ce moment, Pascal Tassy, l’une des références mondiale des mastodontes avait déjà identifié l’espèce avec ces seules photos. Il était comme un enfant quand il l’a vu pour de vrai.»
Se pose alors la question de ce que veut en faire Michel, légalement le propriétaire et inventeur de cette découverte. «Des amis m’ont conseillé de le vendre pour une belle somme. Une personne m’a même approché pour en faire des couteaux», se rappelle-t-il. Altruiste, il en fait don au Muséum de Toulouse : «Pour notre famille, c’est une aventure. Nous avons eu la chance d’y tomber dessus mais quelque part, cette découverte n’est pas à nous.»
L’équipe de Tassy, assisté d’Yves Laurent, paléontologue du Muséum de Toulouse et d’Alexandre, directeur Muséum Perpignan, débarquent en septembre 2017 chez Michel. Durant une semaine, ils creusent autour de la tête, la dégagent au maximum et fouillent l’ancien lit de rivière où a été découvert le crâne sans trouver son corps. Ils réalisent une coque de plâtre de plus de 500 kg pour protéger les ossements avant de l’expédier à Toulouse.
Toujours en cours d’étude dans les sous-sols du Muséum de Toulouse, le crâne et ses défenses sont entre les mains expertes de Pascal Tassy. «Le sable s’est endurci autour, explique Vivien Riout, il faut vraiment connaître la morphologie du crâne pour ne pas l’abîmer.»
Si son nom ne devrait être dévoilé que cet été, Michel est un des rares à avoir vu le crâne et ses défenses à l’étude. Après 13 millions d’années passées dans les sols du Comminges, le mastodonte peut bien attendre quelques mois de plus avant d’être révélé au grand jour.